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C a m i l l e D é r u e l l e
Article paru dans Tremolo magazine
Janvier 2021
Article paru dans Orgues Nouvelles
Été 2020
Article paru sur aubonheurdupiano.com
Mars 2019
Publié le 28 mars 2019
Camille Déruelle : enseigner l’orgue aux enfants
En juillet dernier, j’ai eu le plaisir de faire la connaissance de Camille Déruelle, une organiste concertiste et enseignante dont on peut dire qu’elle a le feu sacré. Cet entretien, faisant suite à son excellent travail sur l’enseignement de l’orgue aux enfants, m’a laissé un magnifique souvenir.
Laissons-la se présenter elle-même : « Ma famille n’était pas musicienne, ni même mélomane d’ailleurs. Lorsque j’étais petite, je ne connaissais que le nom d’un seul instrument : le piano. Quand j’ai eu sept ans, mes parents ont voulu m’inscrire au conservatoire et j’ai tout naturellement demandé à jouer du piano. Mais il n’y avait plus de place en piano, alors je me suis retrouvée dans une classe d’orgue. C’était assez exceptionnel et nouveau qu’une classe d’orgue soit ouverte aux enfants car, habituellement, seuls les adultes ayant déjà un très bon niveau de piano étaient autorisés à étudier l’orgue. Cet instrument m’a plu et je suis restée dans la classe. A onze ans, j’ai manifesté le désir de devenir musicienne mais mes parents y étaient résolument hostiles. Trois ans plus tard, à la suite d’un accident au poignet et de mon entrée au lycée Henri IV, j’ai dû arrêter les cours de musique. Je jouais un peu pour moi sur le clavier numérique que nous avions à la maison mais je ne progressais plus et surtout je n’avais plus accès à un orgue. A dix-sept ans, mon bac en poche, je me suis inscrite en fac de musicologie et j’ai enfin repris des cours au conservatoire. J’ai obtenu mes prix d’orgue, ainsi qu’un prix de piano dans la classe de Vincent Coq, le célèbre pianiste du trio Wanderer, car mon professeur d’orgue m’avait demandé de m’inscrire à une classe de piano pour parfaire ma technique digitale – nous étions toujours dans cette logique que le piano était indispensable pour jouer de l’orgue. »
Aujourd’hui, Camille Déruelle vient d’obtenir son diplôme d’état de professeur d’orgue. Elle a suivi un stage d’observation et un stage de tutorat, a monté un projet artistique à caractère pédagogique pour reprendre la dénomination officielle, a réussi ses deux épreuves pédagogiques et a consacré son mémoire à l’enseignement de l’orgue aux enfants. C’est en effet son histoire personnelle, les remarques qu’elle a constamment entendues autour d’elle sur l’absurdité de faire étudier l’orgue aux enfants, son expérience d’enseignante au conservatoire de Bry-sur-Marne, qui l’ont incitée à réfléchir à l’enseignement de l’orgue dès le plus jeune âge et sans passer par le piano. Rappelons-nous qu’il a fallu attendre 1987 pour que le concours d’entrée à la classe d’orgue du CNSM ne comporte plus une épreuve éliminatoire de piano. Par ailleurs, ce n’est que dans les années 90 que quelques rares conservatoires ont ouvert timidement leurs classes d’orgue aux enfants. Camille Déruelle avait eu de la chance, étant enfant, de pouvoir intégrer une de ces classes nouvellement créées.
Un des arguments contre l’enseignement de l’orgue aux enfants a été pendant longtemps l’absence de méthodes destinées aux jeunes. Par ailleurs, la lecture sur trois portées a été souvent jugée trop complexe pour les enfants. La coordination mains et pieds a semblé inenvisageable pour des petits. Enfin le facteur éliminatoire pour beaucoup d’enseignants était les jambes trop courtes des petits bouts de chou qui ne permettaient pas aux pieds d’atteindre le pédalier. A toutes ces questions, Camille Déruelle, forte de son expérience, a cherché auprès de différents spécialistes (neurologues, kinésithérapeutes, facteurs d’orgue…) toutes les réponses scientifiques et techniques nécessaires pour démontrer point par point qu’aucun de ces arguments ne tenait la route et que les enfants pouvaient sans difficulté commencer l’orgue sans avoir pris préalablement le moindre cours de piano.
« Je trouvais dommage qu’on interdise l’orgue aux enfants, car ils sont fascinés par cet instrument. Je ne suis pas seule à défendre cette approche et j’espère que ce mémoire participera à une dynamique qui grandit » conclut Camille Déruelle. Espérons déjà qu’une revue consacrée à l’orgue aura prochainement la bonne idée de diffuser cette étude passionnante qui fourmille d’indications précieuses, de réponses précises et de propositions ingénieuses.
Frédéric Boucher
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